Jean-Pierre Grotti - Ecrivain romancier - Aude

Extraits de livres :  Le mariage de Ferdinand

 

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- Assez maman ! Les gens disent que je suis cabourd parce qu’ils ne me comprennent
pas. Il y a des millions de personnes dans le monde qui croient en des Dieux qu’ils n’ont
jamais vus et qui sont même prêts à mourir et à tuer pour eux. Moi j’adore Mylène, je la
connais, je la vois, et c’est moi qu’on traite de fou. Tu trouves ça normal ?
- Boudu mon pauvre petit tu me perds avec tes raisonnements, tu mélanges tout.
-Bon, faisons le point ! déclare l’Espagnole qui, comme souvent, a pris la direction de la
réunion. On a pour le moment quatre femmes en course : la cousine de Pascaline, la
bigote, la Cazal et la Boutfar. Après, il faudra bien leur parler de Fernand...
 
Un long silence suit cette dernière phrase. Il était amusant de lui chercher une
éventuelle fiancée, c’était un jeu qui ne prêtait pas à conséquence. À présent, il faut aller
plus loin et les commères prennent soudain conscience de la difficulté de leur tâche.
Ginette qui comprend le manque évident d’enthousiasme de ses camarades s’exclame :
-Ben oui, si c’était Alain Delon, on n’aurait pas besoin de lui chercher une fiancée !
-C’est plutôt Alain Deloin ! lance Pascaline.
-Sans doute ! l’approuve l’Espagnole, simplement, il faudra présenter la chose avec
habileté.
-Qué chose ? demande Justine en reniflant.
-Eh bé Fernand ! Il a quand même des qualités ! lui répond Jeanne. Il est travailleur,
peu dépensier, discret, il ne fume pas, il ne boit pas et en plus, il fait de la poésie. Ce n’est
pas si mal ! Elle ajoute conciliante :
-Bon, il n’est pas très beau mais vous savez ce qu’on dit : la beauté passe vite.
-Oui, mais il n’a pas un sou !
-Il est vieux !
- Il est presque muet,
- Il est complètement cabourd !
- Tout ça, déclare Jeanne, vous n’êtes pas obligées de le dire à la prétendante. De toute
façon, à la fin, c’est elle qui décidera.

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